Interview Florence Hallouin fondatrice de Hamac, les couches lavables

par Simon Le Fur le
Interview Florence Hallouin fondatrice de Hamac, les couches lavables
Bonjour Florence, merci de prendre le temps de répondre à nos questions. Chez Aventure bio on cherche à participer au développement des jeunes marques engagées qui développent les produits pour un futur vivable, décarboné et heureux (rien que ça !)
Hamac, la marque que tu as fondée a clairement dépassé avec grand succès ce stade de "petite marque", et nous avions envie de comprendre pourquoi et comment :)
 
 

Qu'est-ce que les couches Hamac et qu'ont-elles apporté de nouveaux à l'univers de couches lavables ?

Ce qu'on a apporté de nouveau c'est qu'elles sont plus pratiques et plus légères. Du coup notre couche permet de démocratiser l'usage des couches lavables. Elles sèchent vite, les scratchs les rendent faciles à mettre, elles sont fines.
Elles ont apporté du renouveau dans les couches lavables grâce à leur innovation. Avec les matériaux techniques on est sortis des couches lavables traditionnelles. Nous avons déposé 3 brevets pour nos couches.
Nous voulions créer un produit écologique, pratique et donc utilisable par le plus grand nombre, pour nous adresser à tous les parents et pas seulement aux écolos convaincus comme moi. Notre but c'est de réduire les déchets, donc plus il y a de parents qui utilisent nos couches car ils les trouvent pratiques, plus on économise des tonnes de déchets (jusqu'à 1 tonne par bébé)
 

La réduction des déchets était un projet dès le début ?

Oui c'est la raison d'être de la boite : notre premier objectif n'est pas de vendre des couches lavables, mais d'abord de réduire les déchets.
Pour moi c'était un vrai problème de voir des couches jetables qui "crament" de la matière première, en tant que designer je ne supporte pas que l'on gâche de la matière.
 

Quand dates-tu le premier décollage de ton entreprise ? Que s'est-il passé à ce moment là ?

Finalement on a monté plusieurs marches, il n'y a pas eu un réel décollage à un instant T.
Les moments clés ça a été déjà d'atteindre un prototype final qui était performant (j'ai dû en faire 200), là j'ai dit go je monte une boite !
L'étape suivante ça a été de trouver un fabricant français qui m'a suivie sur ce produit.
Il y a eu plusieurs succès, sans forcément qu'on réalise clairement qu'on était en train de passer un palier.

Le premier million de chiffre d'affaires il y a 3-4 ans a aussi été une étape importante, pour moi. Le produit avait trouvé son marché, c'est toujours spécial pour une "inventeuse" quand son produit devient un vrai produit d'usage courant.

 

Y a t-il eu ensuite d'autres moments d'accélération ? à quoi correspondaient-ils ? innovation ? évolution des mentalités ? arrivée de nouveaux talents dans l'équipe ?

Une accélération est venue au moment où il y a eu un article majeur dans 60 millions de consommateurs qui révélait qu'il y avait des substances nocives dans les couches jetables.
Toutes ces études depuis 2017 ont poussé les fabricants de couches jetables à améliorer la qualité de leurs couches jetables.
Le plus exapérant, c'est qu'il a fallu qu'il y ait un scandale pour que le marché des couches jetables se sente menacé et bouge...Aujourd'hui, les couches jetables sont un peu moins nocives qu'avant mais toujours aussi catastrophiques pour l'environnement...
A partir de là, à chaque publication a fait découvrir les couches lavables à de nouveaux parents.
On a aussi fait partie des 3 premières sociétés à tester le label Origine France Garantie promu par Arnaud Montebourg.
Même si ce qui compte pour moi, ce n'est pas le côté patriotique français, ce sont les retombées économiques pour les confectionneurs de talent que nous avons en France.
 

Finalement si tu devais résumer votre succès à un ou deux facteurs quels seraient-ils ? pourquoi ?

Je dirais à la qualité de notre Service Utilisateurs. On essaie d'être très très à l'écoute parce que concrètement on a un produit qu'on utilise 600 fois. On ne peut pas maitriser ce que font les utilisateurs de nos produits, donc on doit les accompagner au maximum pour qu'ils utilisent au mieux le produit et qu'il soit efficace.
Petit à petit c'est devenu une source d'amélioration en continu. On collabore avec nos sous-traitants, et on collabore aussi avec nos utilisateurs.
L'autre clé de succès c'est de garder toujours notre objectif de la réduction des déchets. Quelle que soit l'étape de la société, nous avons gardé notre raison d'être, nous n'avons jamais dévié et c'est une grande force.

Quels conseils donnerais-tu à des jeunes entrepreneurs qui veulent innover dans le domaine du zéro déchet et de l'écologie ?

 Si vous avez une conscience environnementale, lancez-vous pour innover si vous avez vraiment l'intuition que vous allez apporter quelque chose, ça ne sert à rien de faire quelque chose qui existe déjà.

Je pense que ça ne sert à rien de s'y mettre par opportunisme, si ce n'est pas votre truc ne le faites pas, ça fait du mal à l'écosystème et surtout vous allez vous épuiser.
 

Quels conseils donnerais-tu à des entrepreneurs qui ont créé une entreprise et qui peinent un peu à trouver leur marché et leur équilibre économique ?

Ce serait de toujours garder la même vision (pour nous la réduction des déchets), mais d'expérimenter pour atteindre cette vision.
Il y a pas mal de tempêtes dans les premières années d'une jeune entreprise, et il faut se garder de prendre de décisions hâtives et faciles. Dans ces moments la vision est notre cap et ça nous a permis de faire à chaque fois le bon choix.
Une fois que la vision est posée, on peut expérimenter.
Par exemple, nous pensions au début vendre dans les réseaux de magasins de puériculture, et finalement pas du tout. Pour nous, le bon modèle pour démarrer aura été le web et la puériculture écologique en ligne.
Si une jeune entreprise n'atteint pas l'équilibre économique, son modèle n'est pas nécessairement mauvais, mais le timing n'est peut être pas le bon

Pour finir comment vois-tu l'avenir de la puériculture et du zéro déchet dans les 3-5 ans qui arrivent ?

J'ai l'impression que le marché de la puériculture propose encore trop de produits "gadget" incitant les parents primipares à surconsommer. Je souhaite vivement que les achats d'occasion et le troc se développent davantage.
Je souhaiterais aussi voir moins d'emballages et de produits non transformés dans l'alimentation infantile.
Merci Florence pour tes réponses et encore bravo pour les couches lavables Hamac

1 commentaire

Très chouette itw d’une personne qu’on connaissait déjà pour le super boulot d’innovation qu’elle fait autour de la puériculture écologique.
Toutefois, je pense qu’il y a une erreur dans le dernier § : elle a sans doute dit “moins de produits TRANSFORMES dans l’alimentation infantile”, et pas l’inverse. Je me trompe ?

Val de la Vega

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